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Quitter le site

La publicité d’un site d’escorts aboutit à une condamnation pénale

Tribune de Genève, 13 juillet 2023

La justice qualifie de «pornographiques» des images transportées sur le pick-up d’une plateforme de rencontres tarifées. Pour le propriétaire, «c’est de l’art!» 


Mars 2022, en pleine journée. Un automobiliste est interloqué par un pick-up noir stationné le long du quai Gustave-Ador. Sur sa carrosserie, des images pornographiques. De près, l’illustration pixélisée se révèle difficilement intelligible, mais en s’éloignant quelque peu, les images explicites d’actes sexuels deviennent clairement perceptibles. L’automobiliste appelle la police.

Quelques semaines plus tard, la Ville de Genève découvre à son tour la campagne de publicité en faveur d’une plateforme en ligne d’escorts et son slogan «Envie de cul-ture?». Considérant que les affiches sont de nature à choquer le public, elle le signale à la police, qui envoie la dépanneuse. Le véhicule est confisqué.


5600 francs d’amende


Aujourd’hui, ce qui se voulait une campagne publicitaire pour la plateforme dédiée aux rencontres payantes BemyGirl aboutit à une condamnation pénale. Selon une ordonnance pénale que nous avons pu consulter, le propriétaire du véhicule écope d’une peine pécuniaire avec sursis pour pornographie et d’une amende dont le total atteint 5600 francs.

D’une part, il est sanctionné pour avoir exposé en public des images pornographiques – en les rendant notamment accessibles aux moins de 16 ans; de l’autre, le fait d’avoir distrait les autres usagers de la route lui vaut une condamnation pour violation de la loi sur la circulation.

Contacté, l’administrateur de la société d’escorts et propriétaire du pick-up dit «respecter la décision des autorités» bien qu’en «désaccord avec l’interprétation qu’elles ont faite de nos images».


«Aucune valeur culturelle»


Dans cette curieuse affaire, le condamné évoque un malentendu. Car les images posées sur le plateau arrière de son véhicule sont, à ses yeux, des peintures d’artistes contemporains, parmi lesquels Jeff Koons. D’ailleurs, se défend-il, le passant qui scannait le code QR aboutissait à une bibliographie des artistes, avec des explications sur leurs œuvres. C’est ce qu’il a expliqué lors de sa convocation devant une procureure.

Crédible? Absolument pas, pour la justice. Dans sa condamnation, la procureure ne retient «aucune valeur culturelle» à ces représentations. Bien que floutées, elles permettent «uniquement de percevoir des actes sexuels (…) sans que les œuvres dont ces images sont tirées soient reconnaissables».

Pour parvenir à la condamnation, la procureure a alors examiné la frontière entre ce qui relève de l’art et la pornographie, au sens juridique du terme. Sur ce pick-up, il aurait fallu que les représentations «éloignent l’œuvre du cru et du vulgaire» et qu’elles n’insistent pas «exagérément sur les parties génitales» pour échapper à la loi. Or, ce n’est pas le cas.

Cette campagne visuelle était la troisième du genre pour le fondateur de BemyGirl. Après «Elise à la ferme» représentant une femme aspergée de lait sous le pis d’une chèvre ou «Tokyo à la neige», «Envie de cul-ture» ambitionnait de jeter la lumière sur «des œuvres choisies pour leur dimension provocatrice et leur réflexion sur la représentation de la sexualité dans l’art». Des œuvres par ailleurs «reconnues mondialement et exposées dans les plus grands musées du monde», affirme l’administrateur du site.


Les diffuseurs ont dit non


Si les images ont fini à l’arrière d’une grosse voiture, c’est parce que «nous avons rencontré des difficultés lorsque nous avons voulu diffuser ces publicités, les espaces publicitaires refusant d’afficher nos visuels, détaille l’entrepreneur. En conséquence, nous avons pris la décision d’adapter nos campagnes et de les afficher sous forme d’autocollants sur notre véhicule de société.»

L’affaire rappelle les affiches régulièrement évocatrices du salon V..... Des publicités concurrentes que le patron de BemyGirl qualifie de «dénigrantes, vulgaires et discriminantes». Lui assure qu’il pensait avoir trouvé un «équilibre délicat entre l’art, la représentation de la sexualité et le respect des normes sociétales».

C’est manqué. D’autant que l’ordonnance du Ministère public ne fera pas l’objet de débats devant un tribunal. Pour cela, il aurait fallu que le condamné fasse appel de sa condamnation. Or, il ne l’a pas fait, «étant donné le temps et les coûts élevés que cela impliquerait», annonce-t-il. La sanction est ainsi définitive.


Luca Di Stefano

 

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